Shana fit une pause à l'abri d'un rocher dans l'immensité glacée des plaines. Elle avait l'impression d'être partie de chez elle depuis une éternité alors que cela ne fessait que quelques jours. Seulement quelques petits jours que la jeune femme avait fini par prendre son courage à deux mains pour enfin réaliser son rêve et exploré cette région qu'elle ne connaissait pas vraiment. À part la maison de sa grand-mère et ce qui l'entourait sa connaissance de la région se réduisait au néant.

Elle posait maintenant la question de savoir si finalement elle ne devrait pas rentrer chez elle bien au chaud avec ses deux Pokémons. Pas que le froid la gênait elle avait l'habitude, mais le vent et la neige à perte de vue n'était pas un paysage des plus encourageant. Elle ne savait même pas si Port Maui était loin d'ici.  Elle avait eu en tête de traverser rapidement le plateau de Poliahu, mais il y avait de grande chance de s'être finalement perdue. Bien évidemment elle n'avait ni boussole ni vokit … Elle allait justement vers Centralis pour en avoir un si jamais il n'y en avait pas à Port Maui. Elle se sentait légèrement misérable.

La jeune femme fit sortir son fidèle Aquila pour se sentir moins seul alors qu'elle sentait le blizzard s'intensifier au-dessus de sa tête. Elle allait à nouveau devoir attendre que la tempête se calme pour pouvoir continuer sa route. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait dû s'arrêter pour attendre. Elle savait que le climat se refroidissait depuis quelques années, mais elle n'avait jamais eu de preuve aussi concrète de ce qui était dit dans les médias. Elle nicha son nez dans les plumes de son petit compagnon qui pépia en se collant à elle. Ils se réchaufferaient le temps de leur attente. En espérant que cela ne dure pas. Elle n'avait pas envie de rester seule ici avec le peu de nourriture qui lui restait. Elle soupira en fixant la neige qui tombait devant son abri.

Voila longtemps que nous n’étions plus retourné à Kalanoa, mais avec cette histoire de changement de sexe qui avait frappé toute la région, et le fait que nous avions besoin de récupérer des outils que nous avions oublié lors de notre départ des mines, nous étions de retour dans la froide ville, toujours pas accoutumé à notre nouvelle condition de femme. Nous n’étions pas beaucoup, nos deux chauffeuses, un garde du corps, et nous. Dans la ville fantômes, nous n’avions eu besoin de rien ni personne, car les Pokémons avaient tendance à nous éviter, surtout les spectres. Donc une fois dans le ventre de la terre, nous n’eûmes aucun mal à nous diriger, en effet nous avions laissé des repères discret afin de pouvoir revenir sur nos pas, si le besoin s’en était fait sentir.
Une fois de retour sur notre lieu de recherche, nous ne tardâmes pas à trouver ce que nous avions oublié : c’était une petite machine sismique, que nous avions mis dans un coin, afin de ne pas la perturber par nos mouvement. Un coin obscur écarté de notre campement principal. Nous nous approchâmes : la machine ne fonctionnait plus depuis un moment, faute d’énergie, et de papier. En silence, nous primes les enregistrements, que nous pliâmes soigneusement, avant de prendre la machine sous notre bras, et de remonter. L’opération n’avait duré qu’une dizaine de minutes, mais cela avait suffit à nous aveuglé à la sortie de la grotte, et à nous essouffler à cause du poids sur notre poitrine qui n’était pas là avant.
Une fois a l’extérieur, nous déposions la machine dans le coffre du véhicule, et nous regardèrent le garde qui était avec nous. Nous le disposions à l’entrée des cavernes, en lui demandant de surveiller les fouineurs, car avec l’autre énergumène, nous ne voulions pas voir notre mine être infestée de vermine qui détruiront notre ressource de travail. De retour au chaud dans la voiture, nous nous installèrent à l’arrière, pour étudier les mouvements sismiques.
Alors que nous faisions route vers Miyerkule depuis une bonne trentaine de minutes maintenant, et que nous étions en plein cœur du Plateau de Poliahu, une discussion entre les deux chauffeuses attira notre attention. Elles étaient en train de parler d’une silhouette au loin, humaine, qui luttait avec le blizzard. Levant notre regard, nous vîmes en effet quelqu’un dans le froid. Ne pouvant pas laisser quelqu’un dans cette tombe gelée, nous ordonnâmes à nos chauffeuses d’aller la chercher. Le véhicule blanc de neige s’arrêta à coté de la brave dresseuse, et les deux femmes sortirent, pour la faire entrer de forcer dans le véhicule, comme s’il s’était s’agit d’un kidnapping. Le véhicule s’ébranla et repartit, alors que je regardais la personne à mes cotés :

-Bonjour. Ce véhicule roule vers Miyerkule. Vous ne faisiez pas de stop, mais nous avons décidé de vous amener à votre destination. Installez vos confortablement, et réchauffez vous. Vous et votre Pokémon.

Nous nous penchâmes en avant, et tira un tiroir sous le siège du milieu libre, dans lequel nous sortîmes une thermos remplie de chocolat bien chaud, dont nous tendîmes un verre à ce curieux passager. Après quelques seconde, nous décidâmes de lancer la conversation, histoire que le froid extérieur ne s’invite pas dans l’habitacle surchauffé du véhicule :

-Que faisiez-vous à pied dans le Plateau de Poliahu ? Il est bien connu qu’il est mortellement dangereux de s’y aventurer en cette saison.

Shana repensait au dernier événement, le changement de corps général. Elle avait vraiment du mal à s’adapter à son nouveau corps purement masculin. Si elle en croyait les papiers elle devait s’appeler Shaun… Bien… Elle avait perdu des cheveux, le peu de seins qu’elle possédait et gagné un service trois pièces… Elle aurait préféré grandir un peu plus et prendre du muscle. Quoi qu’il arrive elle était toujours une femme dans sa tête donc elle penserait comme une femme. Ce fut sur cette ferme résolution qui clôturait ses réflexions désordonnées sur sa nouvelle condition, qu’elle se fit sauvagement agresser.

Shana eu à peine le temps de comprendre ce qui lui arrivait qu'elle se retrouvait au milieu d'un groupe de jeunes femmes… Qui ferait complexer sa version féminine, mais qui la laissait de marbre. Elle mit du temps à comprendre ce qu'on lui voulait et qu'en fait on venait de la sauver du bizarre. C'est bien gentil, mais elles pourraient faire preuve d'un peu de délicatesse. Elle posa Aquila qu'elle déneigea doucement avant de retirer sa capuche. Elle accepta volontiers la tasse de chocolat alors que son Pokémon somnolait sur ses genoux. Elles allaient à Myerkules, elle en venait… Bien ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait quitter la région hostile de Borealis.

-J'essayais de rejoindre Port Maui… Je pense que j'ai fini par me perdre dans la neige. J'espérais rejoindre Centralis, la capitale.

Elle trempa ses lèvres dans la tasse fumante retenant un soupire de plaisir, elle ne s'était pas rendu compte à quel point son corps était frigorifié. Le pauvre… Même s'il n'était pas réellement le sien elle devrait en prendre soin, pour que son propriétaire le récupère en un seul morceau.

Alors que nus étions en train en train d’attendre nos réponses, jambes et bras croisés, nous constations que l’oiseau de l’homme s’était endormit très vite, et nous craignons que ce ne soit d’hypothermie, mais d’un autre côté, le contact avec un Pokémon autre que le notre ne nous ravissait pas, aussi nous décidâmes de laisser le dresseur faire : s’il était attentif à son Pokémon alors il s’inquiéterait. Quoi qu’il en soit, nous étions légèrement inquiet de voir cette tasse de chocolat si proche de nos relevés sismiques. Même si ce n’était pas le but premier de nos études, ils étaient tout de même nécessaire à la connaissance du terrain de Kanaloa.
D’un mouvement ample et mesuré, faisant attention à ne pas effleurer la personne à côté de nous, nous repliâmes les pages et les pages de relevés, afin de les préserver de tout accident. Une fois le papier repliés et coincés dans la porte de notre côté, la personne nous expliqua qu’elle cherchait à rejoindre Centralis, afin de quitter cet environnement froid. Enfin ça c’était notre propre conclusion. Nous souriâmes, avant de désembuer la vitre de notre côté : le blizzard faisait rage, et il était absolument impossible de discerner quoi que ce soit a plus d’un mètre au delà de la voiture. Après quelques seconde nous répliquâmes :

-Direction Miyerkule : avec ce temps, aucun bateau ne partira, la mer est démontée et dangereuse. Le blizzard devrait être calmé quand Miyerkule sera atteinte. Les avions partiront peut être alors.

Nous ne savions pas tellement ce que nous étions en train de faire : nous n’allions tout de même pas payer l’avion à un parfait inconnu assez stupide pour se perdre dans le blizzard en cette saison ? D’un autre côté, si nous l’amenions jusqu’au Port, cela nous ferait faire un énorme détour, et ce n’était pas ce que nous voulions non plus. Au pire Avalon comprendra, et ne nous embêtera pas trop. Après quelques secondes, nous tournâmes la tête vers ce curieux voyageur, et après l’avoir considéré quelques secondes, nous demandâmes :

-Pourquoi aller à Centralis ? Pour l’activité ?

Aquila n’avait rien il était juste fatigué d’avoir lutter dans le blizzard. Et puis elle tenait beaucoup trop à lui pour ne pas remarquer s’il allait mal. Shana caressa doucement les plume de l’oiseau. Elle ne prêta pas vraiment attention à ce que la jeune femme faisait. Elle semblait s’être imposer au milieu de document important. Inconsciemment elle se décala vers la porte pour prendre un minimum de place. Finalement le volume de la tasse de chocolat n’avait pas vraiment baissé, sa chaleur entre ses mains lui suffisait. Elle profita de la vite désembué pour regarder à l’extérieur. La tempête semblait avoir augmenter depuis qu’elle était entrée dans la voiture… ou alors c’est la vitesse de la voiture qui le lui faisait croire. En tout cas ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait pouvoir partir de cette île infernale. Elle n’avait rien contre la neige mais la solitude commençait à peser un peu… Des avions ? Il y avait des avions a Miyerkules... Elle n’avait jamais fait attention à ça. Elle était arrivée ici en bateau et c’était le seul moyen pour elle de se déplacer d’île en île. Après tout cela faisait quand même un moment qu’elle habitait a Borealis. Il les avait peut-être installés après… Elle maudisse alors son manque d’information sur la région. Au pire elle pouvait partir plus tard… Attendre encore un ou deux jours…. Elle sursauta presque à la question.

-Oh… Euh… Un peu oui. Centralis est beaucoup plus vivante que mon village et même tout Borealis entière. Et puis maintenant que je peux, j’ai bien envie de voir un peu de monde et de pays. Centralis a aussi des magasins plus fournis qu’ici… Oh ! Merci de m’avoir secourue. Je vous remercie de me déposer a Miyerkule, je me débrouillerais là-bas.

Elle sourit légèrement.

L’homme à notre côté n’était visiblement pas à l’aise, en effet alors que nous reprîmes la parole, un sursaut ne passa pas inaperçu à notre regard, en effet la voiture était petite et semblait isolée de toute autre chose à cause du blizzard, de ce fait chacune des actions de l’homme à nos côté était facilement remarquable. Donc un sursaut plus tard, il nous répondit que finalement c’était l’aspect morne de Boréalis qu’il fuyait. Centralis est beaucoup plus vivante, nous n’étions pas d’accord, d’un coté scientifique du terme, les hommes étaient tous les mêmes, que ce soit à Centralis et Miyerkule, cependant là où les hommes étaient dans un état de survie à Miyerkule, dans cet environnement froid et peu accueillant, ceux de Centralis n’avaient pas à ce soucier de cela : la nourriture et la chaleur affluait de toute part. Mais qu’importe, s’il voulait voyager jusqu’à l’île centrale, c’était son problème.
Il continua en parlant des magasin, et cela nous fit tiquer : un homme qui aime faire les magasins, c’était assez incongru, et nous étions victime malgré nous des stéréotypes dans lequel nous étions élevé : en effet les hommes n’aimaient pas le shopping et ne suivaient leurs copine que pour leur faire plaisir… Ou pour surveiller les dépenses. Ainsi jamais nous n’avions pensé à ce qu’un homme apprécie de faire les magasins durant des heures. Nous même nous trouvions ça chiant au possible, devoir se déshabiller en public, essayer des tenues qui n’étaient pas forcément très agréable à porter, et finalement devoir se rhabiller. Non définitivement nous n’aimions pas cela, et cela se voyait sur nous : lorsque nous avions besoin de vêtement, nous faisions appel ou à un homme de main qui s’occuperait de trouver quelque chose qui nous irait, ou alors, mais beaucoup plus rarement, nous appelions un tailleur.
L’homme finit par nous sortir de nos pensées, pour nous remercier de l’avoir secouru. C’est vrai qu’on aurait pu le laisser dans le froid, mais nous n’allions pas non plus passer à côté de lui sans rien faire, c’était pas comme si nous n’avions pas de place dans l’habitacle pour une personne de plus. Espérons que nous ne croiserons personne d’autre d’assez fou pour aller s’aventurer dans le blizzard. Il finit par conclure en disant qu’il se débrouillerait. Voila qui nous enleva une épine du pied. Après quelques seconde le véhicule s’immobilisa et le chauffeur sortit rapidement. Il passa devant le nez du véhicule, pour enlever la neige qui s’était accumulé devant les phares, puis une fois nettoyé, nous repartîmes.

-… Ton Village, ce ne serait pas Kanaloa ? Parce que si c’est le cas, alors il va falloir que tu passes des test. Pour ton bien.

Elle eut un nouveau petit sursaut alors que la voiture s'arrêtait. Que ce passait il ? Rien visiblement simplement de la neige sur les phares. Quelle idiote, elle avait vraiment peur de tout. En même temps elle ne savait pas vraiment si elle pouvait leur faire confiance. Elle ne les connaissait pas après tout. Elle ne se sentaient pas en sécurité alors qu'elle le devrait. Ils ne lui avaient rien fait… Elle soupira mentalement et serra un peu plus Aquila contre elle sans pour autant le réveiller. Après tout le petit Pokémon avait un peu l'habitude d'être pris pour une peluche. Il ne protestait pas, le pire c'est qu'il aimait ça. Elle quitta sa contemplation de l'extérieur pour diriger son regard vers la jeune femme. Pourquoi avait-elle peur… Ce n'était pas vraiment de la peur, mais quand même. Elle eut un instant de réflexion.

-Oh… Non. Je vis proche de Miyerkules, mais on est un peu isolé du reste de la ville.

Les aléas climatiques et des départs, construction et déconstruction de maison entre la sienne et le reste de la ville. Bien qu'il y avait une plaine vide entre chez elle et le reste de la ville, elle ne s'en plaignait pas. Il ne fallait quelque dizaine de minute pour traverser. Cependant, elle se souvenait que sa grand-mère lui avait parlé de Kanaloa quand elle était plus petite. Ses grands-parents y avaient habité quand son grand-père travaillait dans les mines. Suite à sa mort sa grand-mère avait déménagé pour Miyerkules. Ça semblait si lointain et pourtant…