La rançon de Damocles

Une sorte de gueule de bois.

- J'ai l'impression de vous connaître de quelque part. Vous êtes quelqu'un de connu ?

Heiki leva son regard vers le marchand qui le dévisageait avant de baisser la tête de manière significative. Il n'était là que pour acheter un peu de nourriture. Pas pour causer des problèmes. Et justement, se faire reconnaître serait un problème. La où, auparavant, il aurait haussé les épaules, se fichant pas mal de si sa tête était reconnue ou non, il devait maintenant faire profil bas. Non... Ce n'était pas qu'il le devait, c'est qu'il n'arrivait juste pas à se comporter comme précédemment.

- Vous devez... Juste confondre.

Il n'en dit pas plus, avant de prendre son sac et de tourner les talons. Plus il passait de temps à un endroit, plus reconnaissable il devenait. Plus il se socialisait, plus il pouvait voir les regards réprobateurs se poser sur lui. Pourtant, il faisait un minimum attention à ne pas se faire remarquer. Une barbe de trois jour qu'il n'avait pas rasé, l'absence totale de ses lunettes de soleil ou de son costume, les cheveux rabattus à l'arrière, la tête baissée. Non, il n'avait pas la moindre envie d'être reconnus.

Et ici, en plein Bulacan, il pouvait rien qu'en marchant s'entendre injurier. Pas directement. Mais par les gens qui commentait les événements de la centrale. Ca en avait fait du bruit, pas du bon. Leur échec avait été retentissant, mais c'est leur culpabilité qui sonnait aux oreilles des habitants d'Erios. Tous leur avais mit sur le dos ce qui s'était passé a Borealis. La présence des Ambrosia avait été marquée, la Police leur avait tiré dans le dos.

Mais l'impact n'avait été seulement en terme de réputation, voilà bien longtemps que le blond se fichait éperdument de cela d'ailleurs. Mais il était fatigué. Encore plus que d'habitude. De longues cernes pendaient sous ses yeux, ses traits étaient tirés et, involontairement, éloignaient d'autant plus son visage de celui de son avis de recherche. Dire qu'on ne le reconnaissait plus serait... tout à fait logique. Depuis l'incident, il ne s'était même jamais énervé. Trop las, trop caché. Sans doute n'avait il pas eu une conversation avec quiconque non plus.

Touché il l'était. Se posant dans une chambre d’hôtel dans laquelle il résidait pour la nuit, il soupira. Encore une fois. La tension retombée, son travail terminé, de la pire des manières, il se remettait en cause. Ryujii était mort. Et quelqu'un se moquait d'eux en prenant son apparence. Ils avaient échoué face au seul ennemi qu'il pouvait se dessiner. Et une femme était morte dans ses bras. Littéralement, dans ses bras. Par le visage de Ryujii. Heiki mit sa tête dans ses mains.

Il n'avait rien été capable de faire. Ni de combattre efficacement la team Ambrosia. Ni de montrer la Ligue Clandestine sous un beau jour. Ni de protéger Mitsuki. Ah, ça valait la peine d'être Champion, de vouloir mener des attaques chez des criminels lorsqu'on n'est pas foutu de sauver sa partenaire. Une situation comme ça aurait du le faire enrager. Mais le poids de la mort... Pas de celles dont les rumeurs le disait responsables, ou celles inconnues qui lui donnaient un semblant de légende.

Non, celle d'un allié. Qu'il n'avait pas été foutu de soutenir. Qu'il avait plus raillé qu'autres choses en fin de compte. Qu'il aurait put sauver, si il avait fait d'avantage attention dans la centrale. Si elle ne s'était pas blessée. S'il avait sauvé cette femme, comme il prétendait devoir protéger chaque habitants d'Erios de la Team Ambrosia. Et voilà où ça le menait. Une ombre de lui-même, restant à Australis, non loin du QG. Sans réels but que d'être prêt à le défendre  quand le moment viendrait.

Et "prêt", il était loin de l'être.

© ASHLING POUR EPICODE