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PV Sylph S. Tyum

Alioth Naeye est le genre à être sûr de sa couverture : monsieur fait bien jeune, monsieur est maladroit et surtout, monsieur semble allouer tout son temps à la Pension. Comment le soupçonner ? Il est fier que ce soit difficile de le relier à la Ligue, peut-être un peu trop même. Mais s’il se sent bien dans ce double-jeu qui scie à sa personnalité, sa grand-mère se complaît à « l’aider ». Le brun s’entraîne et ne souhaite délivrer des matchs que la nuit, autant dire que ses journées sont bien souvent plates et aujourd’hui ne faisant pas exception, l’aïeule l’a viré à Bulacan. Paraît-il pour « attirer une nouvelle clientèle », mais le Champion n’est pas bête, il n’a pas avalé sa raison. Là-bas, il y a surtout des touristes qui ont le porte-monnaie bien lourd et c’est ce qui intéresse la dame.

Certes, ce sont des touristes, ils ne passent pas leur vie ici. Mais de riches touristes ? Ils ont tout le temps et l’argent pour déposer leurs pokémons à Erios et les récupérer plus tard à leurs hôtels. Il faut juste les convaincre que la Pension est bien cotée, qu’ils n’ont pas à chercher plus loin. Ils peuvent très bien se payer des entraîneurs, et eux, ne peuvent pas faire valoir leur titre et ex-titre de Champions pour la Ligue Clandestine, alors où est l’intérêt même d’essayer ? Alioth ne va pas chercher à comprendre comment sa grand-mère peut croire qu’il va revenir ce soir avec de nouveaux pensionnaires. En attendant, l’achromate est soigneusement assis derrière un petit stand entre deux autres échoppes. Il a le sourire qu’on offre qu’à des clients, celui qui est faussement convivial mais dont ils ne se préoccupent pas. Le Démolosse est à côté de lui, surveillant la boîte où les pokéballs confiées devraient résider alors que le Trioxhydre et le Germignon sont devant le stand comme présentation de ce qu’ils peuvent entraîner. Il y a quelques photos affichés sur un tableau en liège avec les différents stades d’évolution du Dragon, ses attaques, son niveau et surtout, en combien de temps tout ceci a été réalisé.

Cela doit bien faire deux heures qu’Alioth a les fesses sur son tabouret. Dire qu’il n’a pas mal à cet endroit serait mentir et il a une envie folle de se dégourdir. Les potentiels clients ne font que passer, s’arrêtant parfois pour regarder les photos ou caresser le pokémon plante avant de repartir. Il y a aussi quelques enfants qui demandent à monter sur le Trioxhydre et le brun se demande si les faire payer un tour ne serait pas plus rentable qu’attendre.

Finalement, le brun craque.

Il se lève du tabouret, tapote vite fait la tête de Mizar et se glisse devant le stand. Être passif ne fonctionne pas ? Il peut très bien être offensif. Il se saisit du premier touriste qui passe par-là, un adolescent aux cheveux qu’il devine blancs. A croire que c’est une couleur capillaire appréciée sur l’archipel ! Mais il a mieux, nettement mieux à faire que de parler cheveux avec son interlocuteur forcé qu’il arrête en passant son bras derrière le cou du garçon pour attraper fermement son épaule.

▬ Hey~! Désolé d’arrêter votre petite balade mais si je ne m’abuse, vous êtes dresseur.

Que le jeune adulte commence, la voix mielleuse et le sourire plus grand qu’auparavant.

▬ Je travaille dans une Pension et je suis sûr que vous et vos compagnons seraient intéressés par une semaine d’entraînement dispensée par notre établissement.

Sans plus de cérémonie, il glisse dans le sweat du présumé dresseur un prospectus avant de le lâcher. Et en espérant ne pas en avoir trop fait, ce qui est sûrement trop espérer, Alioth se recule en soufflant un ultime « si vous avez des questions, je suis tout à vous ». Avec un peu de chance, sa petite scène n’aura pas à être répétée et l'intérêt d'une personne entraînera celui des autres.

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Je m'ennuyais. Pour m'occuper, aujourd'hui, je faisais plusieurs choses. J'allais dans la rue, je courais, même si je déteste le faire. Je suis prêt à tout pour ne pas m'ennuyer. Euh... Si j'allais au Plateau de Poliahu ? Non, mauvaise idée, je crains le froid. Je crains trop le froid pour me rendre à Boréalis. Je voulais aller à un endroit normal, à la chaleur tempérée. Je n'étais jamais allé à Australis. En plus, j'ai entendu dire qu'il y avait la capitale touristique d'Erios, là-bas. Elle s'appelle Bulacan, je crois. J'avais envie de m'y rendre. Aaah... Si seulement je pourrais ne pas m'ennuyer en allant là-bas. Je suis allé acheter un billet de ferry pour aller au port Hina. Je décidais d'aller vers Bulacan, pour aller voir ce qu'il y a là-bas. J'ai dû manger plusieurs baies Oran qui étaient dans mon sac pendant le voyage. Une bonne trentaine de minutes de marche suffisaient amplement pour la connexion entre le Port Hina et Bulacan. Je suis arrivé là-bas, puis je vis que cette ville était magnifique. Bien entretenue, etc... Il doit y avoir des choses qui ont de la valeur, là-bas. Je discutais avec plusieurs personnes, pour demander des renseignements sur ce qu'il se passe et ce que je peux voir, ou même avoir. La plupart des gens ne me répondent jamais, mais une personne m'a répondu. Je lui demandais :

« Bonjour monsieur, est-ce qu'il y a une Pension dans le coin ? »

« Oui, elle est par là. »

Il a pointé du doigt une direction.

« Merci ! Au revoir ! »

Je suis allé dans cette direction. Je vis un homme. Il paraissait jeune, il était brun. Il avait un Trioxhydre et un Démolosse. Je pensais qu'il avait d'autres pokémons, mais j'avais juste ces deux pokémons en vue. Je le vis se lever du tabouret là où il était, et il a tapoté la tête de son démolosse avant de se diriger vers moi. Il me dit :

« Hey~ ! Désolé d'arrêter votre petite balade mais si je ne m'abuse, vous êtes dresseur. »

Avant que je réponde, il me dit :

« Je travaille dans une Pension et je suis sûr que vous et vos compagnons seraient intéressés par une semaine d’entraînement dispensée par notre établissement. »

« Euh... Oui, je suis dresseur, mais je ne sais pas pour la semaine d'entraînement. Faites-moi voir l'endroit d'entraînement, et je verrais après. »

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▬ Euh... Oui, je suis dresseur, mais je ne sais pas pour la semaine d'entraînement. Faites-moi voir l'endroit d'entraînement, et je verrais après.

Dire qu’Alioth ne sent pas les larmes montées à ses yeux quand le dresseur montre un intérêt à la pension serait mentir. D’accord, l’intérêt est minime et au vue de sa question, c’est mal barré pour le Champion mais il tient quelque chose et il ne va pas le lâcher. Nope nope. Monsieur a une certaine fierté. Le brun récupère donc un air plus détendu tout en restant professionnel. Il hoche doucement la tête pour montrer qu’il écoute blandie quand il parle, et prend tout ce qu’il dit en considération avant de l’inviter vers la table de son petit stand pour lui fourrer dans les mains des photos diverses de la pension.

▬ Alors, pour commencer sachez que la pension se trouve à Centralis, à la Capitale dans le quartier des habitations et ce n’est pas ici que nous comptons dispenser la semaine d'entrainement, sauf exceptions.

Qu’il commence en prenant soin d’articuler et d’accentuer chaque information importante. La phrase lui a semblé très longue dans sa bouche mais il ne pouvait pas faire plus court en guise de résumé pour présenter l’établissement. M’enfin, le nécessaire étant dit, Alioth peut passer à la réponse que le dresseur attend de base, et il doit vendre cette semaine tudiou. Il se répète même les consignes de son aïeule comme un mantra, une prière silencieuse qui va l'aider dans sa mission.

▬ Les petits pokémons comme les bébés ou très faibles commenceront à la pension. Peut-être qu’ils rejoindront un groupe après, tout dépend s’ils se débrouillent bien les pépères. Sinon, nous faisons des groupes de pokémons pour partir en excursion dans des endroits que nous jugeons plus appropriés pour eux. Nous ne quittons cependant pas l’Archipel.

Et voilà le flot d’informations qui coule d’un coup. Les joues du champion sont rouges plus par embarras que parce qu’il a tout débité d’une traite vu que ce n’est point le cas. Ça n’aurait pas été compréhensible sinon, alors il a pris son mal en patience pour tout dire doucement, à la façon de son premier discours. Ceci dit, il est nettement moins à l’aise qu’au début, se demandant si ce long monologue de détails ne va pas faire fuir le jeune dresseur. Du coup monsieur n’ose pas en rajouter plus, juste un « voilà voilà » gêné murmuré pendant que ses doigts jouent les uns avec les autres dans la poche centrale de son sweat pour cacher au plus son attente à son interlocuteur.

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